Aux chiottes le romantisme

Lorsque vous profitez d’une terrasse de café ensoleillée en compagnie d’une jeune femme, il est particulièrement agréable d’aller faire un tour aux toilettes. Quel bonheur en effet, après vous être poliment éclipsé un court instant, de regagner votre place aux côtés de la demoiselle !

De loin d’abord, encore abruti par le retentissement de la chasse et la brise chaude du séchoir, vous la cherchez doucement et, soulagé, la distinguez enfin ; belle esseulée mais plus pour longtemps, vous la devinez mélancolique, le regard perdu aux alentours ou plongé dans un engin sur lequel des pouces se battent en duel.

Puis vous l’approchez à présent tout à fait serein, le ventre léger et les mains fraîches. Elle sort alors de son rêve ou range son téléphone, ses yeux vous accueillent comme on accueille un des siens au retour d’un voyage, et maintenant dévisagé par quelques envieuses, vous recevez un sourire tendre qui scelle discrètement la fin de sa langueur.

Vous retournez finalement à votre breuvage et conversez à nouveau, mais la voilà bientôt qui s’excuse et vous abandonne momentanément à son tour, motivée − elle le cache mais on l’a bien compris − par une envie pressante de retrouvailles.