Mes doléances en douce

Les sonorités inconnues retiennent rarement mon attention ; à l’inverse, j’apprécie les chansons entendues et réentendues, en compagnie desquelles on ne se sent jamais tout à fait seul : je parcours les fréquences comme on scrute une foule à la recherche de visages familiers. S’il s’agit d’un morceau que j’aime tant, alors les ondes le portent rien que pour moi ; quant aux refrains bon marché que d’ordinaire je trouve faciles, je les prends quand même, car il n’est maintenant pas tant question de finesse que de réconfort.

Mais voici une plage de publicité, et une coquine m’informe que bon nombre de filles de la région ont vraiment le feu au cul et attendent que je leur envoie un SMS quelque part toutes affaires cessantes. Alors je ris doucement de cette voix aussi gracieuse que du sperme atterri sur un kleenex, cependant bien navré d’être ainsi dans la ligne de mire des pièges à solitude.

Puis la musique reprend bientôt la main et je retourne goûter mon propre écho dans ce sirop pour travers sentimentaux.

La bande FM est la compagne nocturne des célibataires et ma radio une vieille copine de lit.