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À demain dominos

Allez, c’est bon, je me remets à la musique. Ça fait des années, mais là c’est du sérieux, je m’y remets.

Je vais juste pisser un coup, et après : clavier, guitares, séquenceur, j’enregistre, tac tac tac, ça va être bien.

Je vais pisser un coup, et puis après je vais voir si y a pas une nouvelle version de mon séquenceur là, Cakewalk, parce que ça fait longtemps quand-même.

Je vais pisser un coup, je commande la nouvelle version de Cakewalk, puis je télécharge les nouveaux instruments virtuels, et je m’y mets. Allez.

Je pisse, je commande Cakewalk 2014, je prends les nouveaux soft instruments, puis pour être bien, je m’achète ce nouveau casque de monitoring, sinon je pourrai rien produire de bon. Allez.

Pisser, Cakewalk 2014, les nouveaux instruments logiciels, le casque d’Audio Technica avec oreillettes en moumoute, et puis faudrait faire un defrag du PC avant. Allez.

Pisser, nouveau Cakewalk, les instruments, un super casque de studio, un petit defrag, et puis quand-même, juste avant, je fais un backup complet de mon système. Allez.

Pipi, cakewalk, instruments, casque studio, defrag, CCleaner, backup du système, ouais mais pour ça un tour à la Fnac pour remplacer mon disque dur externe qui commence à saturer. Allez.

Pipi, Cakewalk, instruments, le casque, le defrag, CCleaner, la Fnac, le disque dur, le backup, ah oui et alors je dois changer ces cordes de guitare qui rouillent tranquillement depuis cinq ans. Allez.

Pipi, Cakewalk, instruments, defrag, casque, ccleaner, Fnac, backup, un disque dur, les cordes, et puis bon juste avant je profite des soldes Steam pour jouer à Borderlands 1 & 2, mais après : terminé les conneries. Allez.

Pipi, Cakewalk, instruments, casque, defrag, chkdsk, clean, fnac, backup, disque dur, cordes, Borderlands 1 et 2, et puis faudrait que je change de chaise de bureau parce que je peux pas vraiment jouer de la guitare dessus avec ces accoudoirs. Allez.

Pipi, Caca, instr, casque, defrag, clean, fnac, backup, hdd, cordes, brodelands, et une belle chaise de bureau, et dis-donc pour aller chez Ikea, ce serait bien pratique d’avoir une bagnole, depuis le temps que j’ai le permis. Allez.

Proutprout-turlugludu, casque, format c:, carte fnac, cordes dures, steam, chaise à roulettes, Ikea Thiais sortie n°3, une 308 d’occasion, le bon coin, et faudrait voir à trouver un apparte un peu plus grand parce que je me sens pas tout à fait à l’aise pour composer comme il se doit. Allez.

Pchit-pchit, Cakewalk de merde, casque à la con, les trucs, les bidules, 308 à roulettes, bon coin de mes deux, un beau F3 en soldes sur Steam, hé mais c’est qu’il faudrait que je songe à élever des gamins moi. À mon âge. Et puis après je m’y mets. Allez.

Bon putain, defrag rm *, press F3, 308 cordes en backup, Ikea rachète la Fnac, un casque pour les gosses, hé mais c’est qu’un jour je vais mourir.

Mais après je m’y mets.

Allez.

La critique est aisée mais le disque dur

Partir en exploration dans les dossiers de son ordinateur, c’est comme monter au grenier fouiller de vieux cartons, le charme de la poussière en moins. Je lance une recherche sur un mot, et voici une carotte de souvenirs forée dans mon passé, des strates de vie dont j’avais perdu la mémoire.

Face à ces vestiges numériques, je porte un regard parfois sévère mais empreint de tendresse, celui d’un homme d’expérience face à un apprenti. L’ancienneté des documents rend le détachement simple, le jugement facile. Quelles maladresses dans cette lettre de motivation ! Quelle laideur dans le visage de cette pauvre fille qui ne m’a pas aimé ! Quel goût douteux dans ce choix de mp3 ! Que de fausses notes et que de chemin parcouru !

Cependant, alors que je tombe sur une série de photos récentes, un doute vient troubler mon assurance et ce petit jeu. Combien de temps devrai-je attendre avant de découvrir quelles bêtises je suis en train de commettre, ici et maintenant ?

Protocole d’épanouissement personnel #20120225

Ce mini-guide, très simple à mettre en pratique tranquillement chez soi, est destiné à toutes les personnes désireuses d’évacuer le stress citadin et de renouer avec la spontanéité naturelle, tout en développant son réseau social de proximité.

– Avant tout, afin de catalyser votre énergie interne, procédez à la mise en contexte phonique en émettant un fond musical de type festif à volume généreux.

– Commencez par bien relâcher les bras et les épaules (façon « pantin désarticulé »), et maintenez cet état de souplesse durant tout l’exercice.

– Tout en gesticulant de tous les membres, trottinez lentement sur un parcours libre et aléatoire dans votre logis. Grimpez sur lit, commode, table basse et tout autre mobilier en travers de votre chemin. Cela permet la désacralisation symbolique des contraintes matérielles.

– De temps à autre, poussez de brèves séquences de cris allant du grave à l’aiguë ; d’un ronflement rauque et puissant à un braillement strident et précis. Cela contribue à se détacher de sa souffrance intérieure, de ces frustrations latentes que l’on a parfois du mal à confesser à soi-même.

–  À tout moment, lancez de grands éclats de rire pour exprimer votre gratitude envers l’univers et les éléments (éventuellement, hurlez « Ah! le soleil ! » à la fenêtre ouverte). Cela participe à démystifier sa relation aux grands choix de vie, et permet de se réapproprier l’espace-maître.

– En dernier lieu, pratiquez de courtes séries de sautillements sur place, de plus en plus hauts, afin de vous reconnaître pleinement citoyen du monde (affirmer son « être-là » pour se situer harmonieusement dans le « vivre-ensemble »).

Pour une effacité optimale, effectuez des séances d’environ trois quarts d’heure quotidiennes (de préférence de nuit ; les ondes radio sont moins nombreuses dans l’air et vous perturberont moins).

Dr. Net and Mr. Cloud

En fait, Internet n’existe guère plus.

Si les app’s remplacent les sites web, on peut dire qu’Internet même s’efface au profit du Cloud, son terrible double, sa sombre progéniture.

Internet est comparable à une constellation de pavillons, de bureaux et de petits commerces, de villages aux noms qui chantent, tous reliés par de jolies routes de campagne, de larges avenues bordées de platanes, des ronds-points fleuris et des ruelles ensoleillées. Internet, qu’est-ce que c’est chouette, ce sont des fibres optiques aux couleurs chatoyantes, des gigabits de savoir qui rayonnent aux quatre coins du monde, des informaticiens dodus qui parlent en IP, des octets facétieux et de placides routeurs qui font une grande ronde autour de la Terre.

Le Cloud, en revanche, c’est comme une méchante batterie de garde-meubles qu’on trouve au bout d’une voie rapide bardée de panneaux publicitaires. C’est une sorte de Shurgard géant planté au fin fond d’une banlieue sordide où il fait nuit à 16h, une sinistre bâtisse dont les projecteurs vacillants laissent parfois paraître un chien muselé tenu par un homme sans visage. Le Cloud, oui, c’est très mal, ce sont d’énormes datacenters atomiques qui pompent du gigawatt, déboisent nos forêts et tuent les baleines, c’est un amas de barbarismes comme “règles de confidentialité” ou “respect de la vie privée”. Le Cloud, c’est un club de milliardaires en t-shirt dont les fauteuils sont faits du cuir de vos données personnelles.