Et puis finalement, on dirait que j’ai récupéré toutes mes affaires sur la planète aux baffes perdues et que c’est vraiment vraiment reparti pour de nouvelles nouvelles aventures, toujours sous l’oeil bienveillant de l’étoile lointaine.
Archives mensuelles : novembre 2003
Ici, l’on s’amuse
Dans la plupart des jeux vidéo, même ceux où l’on exerce un contrôle direct sur ses mouvements, on évolue dans un univers très restreint. Il y a toujours un prétexte au sans-issue : cloisons, grillages, barrières, panneaux «halte-là mon gaillard» etc. Et si ça se déroule à l’extérieur, en cadre ouvert, il n’est pas rare de se retrouver bloqué par un mur invisible lorsque l’on s’aventure trop loin, tout ça parce que c’est le bout du monde. Alors le personnage s’arrête, et même si l’on insiste pour qu’il continue, il fait la sourde oreille. Ou pire, comme dans les vieux jeux de plate-forme, il continue à galoper en faisant du sur-place à la manière d’un bon crétin dans une roue pour hamster.
J’ai toujours trouvé relativement déprimant d’être ainsi confronté aux limites des univers virtuels, dont l’intérêt est justement de franchir celles de la réalité. Ah ça, tu peux incarner un mec surpuissant, style le super héros des fonds marins, genre qui fait rêver les martiens, mais t’es bien incapable de simplement déambuler tranquillos où tu veux, t’es retenu comme un pauvre naze par une force à la con qui n’a rien à faire là.
Quant aux jeux 3D, c’est détestable. Par exemple, tu fais un Counter-strike, t’es mauvais tu joues mal, bon, tu meurs et tu te retrouves âme errante jusqu’à la fin du round. Du coup, tu peux voler et traverser les murs et les décors à loisir, d’accord, oui mais là, catastrophe, toutes les supercheries de mise en scène se dévoilent au grand jour : qu’y a-t-il à l’intérieur de cette petite baraque à la porte condamnée ? Rien ! Que dalle. C’est vide. C’est même pire que vide : c’est inexistant, les façades de la maisonnette ne sont qu’un trompe-l’oeil. Et que trouve-t-on au-delà de ce barrage routier infranchissable ? Une sortie vers un monde meilleur, enfin ? Une connexion à la Matrice, à la rigueur ? Bah non, rien de tout ça. Ca donne sur du vide, encore une fois. Ceci n’est pas une route.
Perso, j’ai arrêté ce genre de jeux décevants il y a un peu plus d’un an, ce qui coïncide avec mon entrée dans la blogosphère, «jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs» assez formidable il faut le dire. Car en plus d’être gratuit et de se contenter d’un ordinateur modeste (la vieille carte graphique ATi du placard fera l’affaire), son univers tout textuel est en constante expansion, et de fil en aiguille t’auras toujours plus de matière à lire, critiquer, linker, poster et commenter que tu ne pourras jamais le faire.
C’est du loisir sans borne !
De nombreuses heures de plaisir en perspective.
Alors, joueur, ne perd pas une seconde de plus, et toutes affaires cessantes … rejoins-nous vite !
En arrière toute
Et puis après on dirait que j’ai oublié ma casquette sur la planète aux baffes perdues, le gros malin, donc hop, demi-tour.
C’est exactement le même angle de vue sauf que le vaisseau va en sens inverse : il s’éloigne de la caméra.
The Incredible Geek
You won’t like me when I’m online
C’est très bien comme ça
La mauvaise foi, appliquée au manque de confiance en soi, évite toute remise en cause et permet de contourner les problèmes très simplement lors des petites épreuves de la vie.
Voici quelques exemples classiques.
Le contexte
J’ai la réponse à cette question et personne ne semble se manifester.
Le problème
Je n’ai aucune confiance en moi et je ne vois pas en quoi je pourrais avoir raison.
La solution
En fait les autres aussi connaissent probablement la réponse, mais y a un jeu qui vient de s’improviser, là, ça consiste à rien dire parce que la question est trop facile (faut pas déconner). Et puis après tout, lever la main, ce serait manquer de respect envers tous les manchots et les estropiés de l’univers, alors un peu de dignité bordel !
Autre exemple.
Le contexte
Je me vois souvent gambader dans des champs d’avoine avec cette fille, quand j’écoute des chansons aux sonorités un peu nostalgiques.
Le problème
Je n’ai aucune confiance en moi et je ne vois pas en quoi je pourrais lui plaire.
La solution
En fait elle a probablement un copain, et si elle n’en a pas, c’est qu’elle en veut pas, logique, et d’ailleurs à ce propos, à mon avis, elle veut rentrer dans les ordres j’ai l’impression, faut vraiment qu’elle aille mal (la pauvre). Oh punaise, si toutes les filles sont aussi graves qu’elle, je suis mal barré moi !
Et un petit dernier, qui te rappellera peut-être la cantine du collège juste en face.
Le contexte
Ce type vient de me taxer mon Groumpfy au chocolat sur mon plateau-repas.
Le problème
Je n’ai aucune confiance en moi et je ne vois pas en quoi je pourrais me défendre.
La solution
En fait ça tombe bien, je sais pas comment il a fait pour deviner, mais j’avais probablement plus faim, trop fort le mec (respect). Et puis merde, moi j’ai bien des jeux piratés, c’est du vol aussi, alors quelque part je l’ai un peu mérité … la vie c’est donnant-donnant !
Le capitanat c’est sympa
Hé bien j’ai reçu un mail anonyme dont j’ignore l’identité de l’auteur, et ce dernier m’informe qu’il lui arrive de loucher pour sortir de ses rêves et de ne surtout pas le répéter. Du coup, me voilà contraint à poursuivre ce blog.
Alors on dirait que j’étais encore une fois en expédition du côté de la planète aux baffes perdues à bord de mon vaisseau spatial, que je me suis un peu attardé dans le cosmos, normal quoi, et puis là je suis en route pour de nouvelles aventures. Ca te va ? Moi ça me paraît pas mal comme petit scénar.
J’ai fait la première image du story board, c’est pas dégueu regarde.
Tu vois, t’as un plan comme ça en contre-plongée, où tu vois passer le vaisseau au-dessus de la caméra, tu l’imagines accompagné d’un vieux vrombissement des familles, le truc qui laisse pas indifférent et qui impressionne pour pas cher du tout.
Oui, cette chose en bas à droite, a priori, c’est une étoile bienveillante, qui se pose là au fin fond de la galaxie, et quelque part elle rend compte de l’isolement du vaisseau en cela qu’elle apparaît, pourtant distante de centaines d’années-lumière, comme seule témoin de la scène.
Logiquement on devrait y croire.